Communiqué de presse - Recherche UCL
Une équipe de chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’UCL a découvert qu’une substance dérivée de l’écorce de grenade, l’urolithine B, freine la fonte de la masse musculaire, causée par des facteurs aussi variés qu’une immobilisation prolongée, un cancer, un régime ou l’âge. Cette découverte UCL pourrait ouvrir la voie à un nouveau traitement.
Le muscle constitue 35 à 45 % du corps humain. Parmi ses fonctions ? Permettre au corps de se mouvoir, se maintenir ou respirer. Le tissu musculaire joue également un rôle important en matière de métabolisme et de glycémie, notamment dans le contexte de l’exercice physique. Toutes ces fonctions peuvent être altérées en cas de fonte importante de la masse musculaire.
Une fonte de la masse musculaire, pourquoi ? Les muscles se renouvellent constamment. « Un système moléculaire dans le muscle synthétise et dégrade les protéines musculaires à tout moment », explique Marc Francaux, responsable du laboratoire de physiologie de l’exercice de l’UCL. « Ce système est comme une entreprise du bâtiment, avec une équipe de démolition (dégradation) et une équipe de construction (synthèse) des briques (protéines) musculaires. Tant que le système est équilibré, la masse musculaire est stable. Mais en cas de déséquilibre entre synthèse et dégradation, les muscles commencent à “fondre”. »
Cancers, immobilisation prolongée, etc., augmentent la vitesse ou le volume de dégradation musculaire. D’autres facteurs, comme un régime alimentaire pauvre en protéines ou l’âge affectent plutôt la synthèse. Or, un senior moins musclé est un senior moins mobile, et donc moins autonome.
Il existe 3 stratégies pour prévenir, limiter, voire empêcher la fonte musculaire :
- certains médicaments, comme les stéroïdes, peuvent stimuler la synthèse ou bloquer la dégradation musculaire. Problème : leurs effets secondaires sont souvent supérieurs à leurs bénéfices ;
- l’exercice physique active la synthèse musculaire. Problème : le sport est parfois impossible pour les patients hospitalisés ;
- certains acides aminés issus de l’alimentation peuvent booster la synthèse des protéines musculaires. Exemples : la leucine (présente dans le blanc d’œuf) ou certains polyphénols.
L’un de ces polyphénols, l’acide éllagique, notamment fortement présent dans l’écorce de grenade, est connu pour ses vertus anti-inflammatoires et antioxydantes. Ne pouvant être absorbé tel quel par notre organisme, des bactéries du microbiote le transforment en urolithine (A, B, C ou D) qui est alors assimilée et pénètre dans le sang. Alors qu’ils étudiaient les propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes des urolithines A et B, les chercheurs de l’UCL ont découvert que cette dernière avait aussi un effet protecteur sur les muscles. In vitro, un double effet a été observé : l’urolithine B active la synthèse des protéines musculaires tout en freinant leur dégradation. Dans un deuxième temps, les chercheurs ont étudié l’effet de l’urolithine B sur des souris.
Résultat ? Les souris qui en ont reçu ont vu leurs muscles se développer davantage. Chez d’autres souris avec une patte paralysée (ce qui accélère la fonte musculaire), les muscles ont fondu 20 à 30 % moins vite.
Cette étude vient d’être publiée sur la version online du Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle. Elle ouvre d’intéressantes perspectives. Car si l’effet de l’urolithine B se confirmait chez l’homme, cela pourrait, à terme, déboucher sur un nouveau traitement contre la fonte musculaire, sous la forme d’un complément alimentaire par exemple. Dans le futur, l’équipe de l’UCL cherchera à connaitre l’innocuité de l’urolithine B sur l’homme et les éventuels effets secondaires.
CONTACT PRESSE : Pr Marc Francaux, responsable du laboratoire de physiologie de l’exercice de l’UCL, 0474 39 80 31, marc.francaux@uclouvain.be INFOS : L’article scientifique en ligne « M. Francaux et. Al. Urolithin B, a newly identified regulator of skeletal muscle mass » in Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle, 2017. |