Des Salles de Consommation à Moindre Risque pour toxicomanes (SMCR) en Belgique : est-ce possible ?
Une Salle de Consommation à Moindre Risque (SMCR) est un dispositif pour les usagers de drogues. Elle met à leur disposition un environnement sécurisé, hygiénique et supervisé par des soignants professionnels pour la consommation des substances qu'ils se sont procurées. C'est un dispositif de Réduction des Risques (harm reduction), tant pour les usagers que pour la société. En effet, les SMCR améliorent l'état de santé des usagers en réduisant le partage de matériel d'injection non-stérile et les overdoses, et en facilitant l'accès aux soins existants. Mais elles renforcent aussi la sécurité et la qualité de vie dans les lieux publics en réduisant les nuisances engendrées par la consommation de drogues sur la voie publique : déchets et dégradations diverses. Elles permettent surtout de toucher le public le plus marginalisé qui ne fréquente pas les autres services. La première SMCR a été ouverte en 1986 en Suisse. Depuis, une centaine de SMCR ont été établies, notamment au Canada, en Australie, en Espagne, et pour ce qui concerne la Belgique, dans nos quatre pays voisins : en Allemagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en France (depuis fin 2016).
En Belgique, il n'en existe pas car, malgré les évaluations scientifiques, le sujet reste controversé sur le plan politique. Une étude sur la faisabilité de ces salles, "DRUGROOM", menée conjointement par l'Université de Gand et l'Institut de Recherche Santé et Société de l'UCL, vient toutefois d'être rendue publique. Au moyen d'une revue de la littérature, d'un examen du cadre juridique, et d'entretiens avec l'ensemble des acteurs concernés (politiques, police et Justice, professionnels de la santé et du social et usagers) dans les 5 grandes villes belges (Bruxelles, Anvers, Gand, Charleroi et Liège), l'étude montre les options réalisables et fournit des recommandations pratiques si de telles SMCR devaient être installées. L'obstacle principal est toutefois juridique, une modification du cadre pénal devrait être envisagé.
Vander Laenen F., Nicaise P., Decorte T., De Maeyer J. De Ruyver B., Smith P., Favril L. et al., DRUGROOM – Feasibility study on drug consumption rooms in Belgium, BELSPO 2018, disponible sur dial : http://hdl.handle.net/2078.1/194734