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Par Gauthier Heins étudiant en KIMA22.
Cette actualité s'inscrit dans une série de témoignages que la faculté diffusera tout au long de l'année sur la vie des étudiants participant à des programmes d'échange.
Vaccin contre la fièvre Jaune, Ok. Vaccin contre la fièvre typhoïde, Ok. Traitement antipaludique, Ok. Ecran total et Biafine©, Ok. 14 boîtes d'Arestal©/Imodium©, Ok.
Enfin paré pour partir étudier 6 mois dans les Caraïbes. Car oui, étudier dans les Caraïbes c'est possible, en témoigne mon séjour au Panama. A tous ceux qui comme moi trouvent qu'un Erasmus manque un peu d'exotisme, pensez aux programmes Magalhães et Smile, échanges entre Europe et Amérique Centrale et du Sud. Mais j'en entends déjà qui chuchotent : "Le Panamá c'est pas vraiment les Caraïbes..?" Détrompez-vous, je peux vous citer l'archipel de San Blas ou encore Bocas Del Toro au nord du pays, qui regorgent de plages de sable blanc, eau turquoise, palmiers, bikinis et noix de coco..! Mais c'est d'un échange inter-universitaire qu'il s'agit, et pas de vacances prolongées: Bienvenue donc à l'Universidad Tecnológica de Panamá!
Sachez qu'elle-même n'a rien à voir avec ce que l'on connait en Belgique : chacun est libre d'arriver à l'heure qu'il veut ou de quitter la classe quand il veut sans rien dire, bien que les cours soient obligatoires, et l'on entretient avec les professeurs des relations amicales. Il n'est pas rare de voir des étudiants saluer d'une bise leurs professeurs, ou des professeurs en train de manger en compagnie d'étudiants. Par contre la méthode d'apprentissage est beaucoup plus basée sur un travail régulier. Comprenez que la semaine (qui, si l'on s'arrange bien, n'est que de 4 jours) est consacrée à tout ces "devoirs" que donne chacun des professeurs, tant et si bien que l'examen semestriel ne représente jamais plus de 30% de la cote finale. Libre à chacun d'en penser ce qu'il veut.
Ici il fait chaud et humide toute l'année, on est sous un climat équatorial. Ce n'est pas toujours facile de s'y habituer, mais l'idée de bénéficier de ce temps jusqu'en janvier, quand il fera si froid chez nous, n'est pas déplaisante. Et de toute façon l'air conditionné est pratiquement partout réglé sur "froid polaire". Et ce n'est que l'une des petites choses auxquelles il faut s'accoutumer. Le retard constant de tout un chacun par exemple en est une autre. A l'université ça a du bon, on râle rarement de voir une heure de cours (obligatoire) se transformer en demi-heure. Quand il s'agit de fixer rendez-vous à quelqu'un en revanche, ou de projeter un quelconque voyage en bus, ça peut devenir plus ennuyeux, voire problématique. En parlant de bus, je peux aussi évoquer la circulation infernale de cette petite métropole d'un bon million d'habitant : bien qu'un réseau de bus important ait été développé ces dernières années, les travaux incessants dans l'ensemble de la ville gênent fortement le déplacement des bus d'ailleurs bondés, et des (trop) nombreux 4x4. Peut-être pour cette raison sont-ils toujours en retard..? Autre point important : la cuisine. Si l'on aime le poulet et le riz, on est servi. Par contre, quelque soit la préparation, tout a la même saveur. Après 6 semaines j'ai enfin trouvé le coupable, qui porte bien son nom : Eryngium foetidum, ici connu comme culantro, herbacée dont ils se servent pour épicer TOUS les plats, si bien qu'absolument tout sent cette herbe, jusqu'au restaurant universitaire lui-même. Bon j'exagère un peu, il y a moyen de se faire des ventrées d'ananas, mangues, papayes ou fruits de la passion pour une poignée de dollars, et l'influence qu'auront eu les USA sur le Panama au long de son histoire permet de trouver à peu près tout ce qu'il faut à un occidental.
Finalement, une fois qu'on se fait à tous ces petits désagréments inhérents à l'émigration, on se sent vite chez soi, d'autant plus qu'on est très vite adopté par les panaméens, et il faudrait y mettre de la mauvaise volonté pour ne pas s'intégrer. Ainsi le quotidien devient un paradis : déguster un ceviche au marché poissonnier sur "fond" de raggaeton (pas plus de 150dB), descendre une petite Balboa nationale avec les copains sur le Causeway en regardant sortir les paquebots du canal, passer un samedi sur une plage du pacifique, chercher les paresseux dans le parc de l'université entre deux heures de cours, s'essayer au surf entre les coraux d'Isla Grande, profiter des fêtes nationales pour ajouter le tampon Costa Rica à son passeport en quelques heures de bus... Ou aller à la rencontre des trafiquants de drogue colombiens et des FARCs dans la jungle du Darien...
Il m'aura fallu 6 semaines pour comprendre que la devise de ce petit pays qu'est le Panama ne repose pas sur son canal, mais sur une diversité culturelle des plus riche qu'il m'ait été donné de voir : Pro Mundi Beneficio, Pour le bénéfice du Monde.
Texte et photo : Gautier Heins