« L’île est difficile d’accès et a une biodiversité limitée. Les ressources sont au nombre de cinq, soit la triade méditerranéenne (l’olivier, le blé et la vigne), les légumes et les moutons. Or, l’exploitation de ces ressources se fait dans un calendrier très serré... »
On se croirait dans la notice exposant les règles du jeu Colons de Catane...
Mais pas du tout, nous sommes en Crète au seizième siècle avant notre ère. Le professeur Jan Driessen et son équipe ont mis au jour un très grand bâtiment à cour centrale à Sissi, à trois kilomètres seulement de Malia, sur la côte nord de l'île, à l'est d'Heraklion [http://www.sarpedon.be]. La fonction de ce bâtiment demeure en partie énigmatique car s'il est tentant de le baptiser « palais », il semble étranger à toute fonction royale et plutôt orienté sur la vie de famille et sur la vie collective. Le confort de ces bâtiments est en effet plutôt d'ordre pratique (toilettes, eau courante) que prestigieux (salle du trône, etc.).
Si l'on croise cette hypothèse avec la place que semblait occuper la femme dans la société minoenne, il est possible qu'on ait affaire à de grandes maisons de familles à structure matrilinéaire. Une autre hypothèse, qui recoupe en partie la première, est que la réussite de la société minoenne, malgré les contraintes exposées au début du « jeu » – l'accès difficile, les ressources limitées –, reposerait en grande partie sur la coopération plutôt que sur la hiérarchie, avec la capacité de mobiliser au même moment tout le groupe social pour la récolte et la transformation des cultures en huile, farine et vin, ces aliments de base des sociétés de l'antiquité méditerranéenne. Bref : une société où l'intérêt commun part de la base et prime sur le sommet !
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Bâtiment, cour-centrale, nouvelles fouilles 2015-2019