Communiqué de presse – 25 avril 2017, journée mondiale de lutte contre le paludisme
Le 25 avril, c’est la journée mondiale du paludisme, décrétée par l’OMS. Le paludisme a plusieurs visages. L’UCL étudie l’un d’eux, Plasmodium vivax, ennemi public n°1 qui sévit en Amazonie péruvienne. Plus perfide que son cousin Plasmodium falciparum, qui est lui présent essentiellement en Afrique, il reste silencieux pendant des mois ou des années mais n’en n’est pas moins responsable de fortes fièvres récurrentes, potentiellement mortelles.
Cette forme de paludisme demeure un vrai problème de santé publique en Amérique du Sud. Conscients de cette problématique, Niko Speybroeck, chercheur à l’Institut de Recherche Santé et Société de l’UCL et Angel Rosas-Aguirre, de l’Université Péruvienne Cayetano Heredia (UPCH), ont mis sur pied deux vastes projets de recherches internationaux. Leur objectif ? Eliminer cette forme de paludisme au Pérou avec un focus particulier sur l’Amazonie Péruvienne. C’est en effet là que le paludisme fait le plus de victimes, les gens qui y vivent étant très pauvres, avec peu d’accès aux soins de santé.
Particularité de Plasmodium vivax; il est très difficile à détecter dans l’organisme. D’une part, parce que le parasite est généralement présent en faible concentration. Ce qui le rend difficilement perceptible par les méthodes d’analyse sanguine. D’autre part, parce qu’il peut rester silencieux très longtemps : il entre dans l’organisme, se loge dans le foie et y dort pendant des mois, voire des années avant de se réveiller et causer de fortes fièvres.
Développé en partenariat avec l’UPCH (Pérou), l’Université de Sao Paulo (Brésil), l’Istituto Superiore di Sanita (Italie) et l’Université de Californie à San Diego (USA), le premier projet des chercheurs UCL a pour but d’identifier tous les antigènes de Plasmodium vivax et de les tester afin de déterminer le ou lesquels sont les plus pertinents pour déceler la présence d'anticorps dirigés contre eux. Après quoi les chercheurs pourront identifier les individus ayant une forte probabilité d’être porteurs de la forme dormante du parasite et donc les traiter afin d’éviter les rechutes mais aussi la transmission à d’autres individus.
Parallèlement, un second projet, fruit d’une collaboration entre l’UCL, l’ULg, l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, l’UPCH et le Ministère Péruvien de la Santé, s’intéresse à la politique de santé publique déjà mise en place : est-elle efficace ? Est-il possible de l’améliorer ?
Actuellement, deux systèmes de surveillance sont testés au Pérou :
- la surveillance active qui consiste à échantillonner et traiter tout le monde : efficace mais couteux.
- la surveillance passive qui consiste à échantillonner et traiter uniquement les personnes qui viennent au centre médical
Les chercheurs analyseront le rapport coût/efficacité des deux stratégies : si la première solution semble intuitivement être la meilleure, il est hypothétiquement plus intéressant d’un point de vue économique et sanitaire de se concentrer uniquement sur les personnes qui présentent des symptômes et qui sont ensuite soignées. Les capacités locales en termes de ressources humaines devraient, à terme, être renforcées. Cela passe par une meilleure formation des étudiants et des médecins afin d’améliorer la recherche scientifique et opérationnelle en matière de paludisme. Mais aussi du personnel de santé puisque des ateliers seront mis en place pour l’aider à mieux identifier Plasmodium vivax au microscope. Outre l’attention portée à l’effort de diagnostic, c’est donc toute la politique de santé qui devrait pouvoir être améliorée à l’issue de ce projet.
CONTACT PRESSE : Niko Speybroeck, chercheur à l’Institut de recherche Santé et Société de l’UCL, 02 764 33 75, niko.speybroeck@uclouvain.be |