« Jihad u Akbar », comprendre pour agir

Le jihadisme s'est imposé comme un mouvement historique de mobilisation collective. La violence de sa mise en œuvre appelle bien entendu une riposte juridique et armée mais celle-ci ne suffira pas…

Non seulement elle conforte la logique de la violence et semble donner raison aux jihadistes mais elle enlise la société dans un conflit sans fin. De surcroît, on risque de passer à côté des racines intellectuelles, morales, sociologiques et sociopolitiques qui expliquent la montée du jihadisme contemporain.

Le sociologue Felice Dassetto, spécialiste de l'islam contemporain, particulièrement en Europe, nous donne un ouvrage de fond sur le jihadisme dont il retrace l'histoire au départ de groupuscules marginaux des années 1960. Les logiques colonialistes et postcolonialistes, les enjeux pétroliers et géopolitiques, les mouvements migratoires, la précarité et la pauvreté, la dimension proprement religieuse et sa traduction dans des doctrines particulières parfois rivales, la sophistication des méthodes (y compris les nouvelles technologies et l'ingénierie financière) sont quelques-uns des aspects qui sous-tendent l'évolution du jihadisme aujourd'hui mondialisé.

On ne se débarrassera pas de sitôt de cette idéologie mortifère. Raison de plus pour tenter de la comprendre, pour mieux agir et préparer l'avenir. Au prix, comme l'explique Felice Dassetto, d'« une mobilisation collective de multiples énergies sociales, dont celles qui devraient se dégager plus spécifiquement dans les pays européens, tant parmi les musulmans que parmi les non-musulmans ».

Jihad u Akbar. Essai de sociologie historique du jihadisme terroriste dans le sunnisme contemporain (1970-2018), par Felice Dassetto, Presses universitaires de Louvain, 2018, coll. « Islams contemporains », 280 p., 22 €

Publié le 25 avril 2018