Ce 11 octobre est la 30ème journée internationale du coming out. En 2017, une telle journée est-elle encore nécessaire ? Où en est-on dans notre société ?
Le coming out consiste à révéler une préférence sexuelle pour les personnes du même sexe que soi. “Coming out” est la contraction de “coming out the closet” qu’on traduit par “sortir du placard”, expression popularisée en 2001 par le film français “Le Placard” dans lequel un Daniel Auteuil à deux doigts de se faire licencier voit les regards sur lui changer lorsqu’il annonce une homosexualité feinte.
Mais pour Jacques Marquet, sociologue UCL de la sexualité et de la famille, il n’y a pas un seul, mais une succession de coming out. “Dans le sens commun, nous avons une fausse idée du coming out en pensant qu’il a lieu une fois pour toutes. Mais cette vision est contredite par le vécu”. En effet, une fois annoncé à ses parents, faut-il le dire à ses collègues, voisins, amis, enseignants ou même à son patron ?
“Seules les personnes hautement médiatisées, et qui annoncent donc pratiquement à la terre entière leur homosexualité, s’exposent moins à la l’obligation de coming out répétés”. Elio Di Rupo ou Ellen DeGeneres sont donc des exemples connus, mais non représentatifs. Ils font pourtant partie des personnes qui ont fait leur coming out à une époque où il y avait une connaissance de l’homosexualité mais pas une reconnaissance. “Beaucoup de personnes plus âgées disent en effet que si elles étaient nées quelques années plus tard, leur vie aurait été très différente” ajoute Jacques Marquet.
Parce que oui, incontestablement, la société a évolué sur la reconnaissance de l’homosexualité, notamment avec le mariage entre personnes du même sexe ou l’accès à l’adoption. Nous sommes dans une dynamique globale de plus grande ouverture. “Ça, c’est la situation générale. Mais chacun vit dans un milieu spécifique et il reste des milieux sociaux qui restent très fermés à ce type de question et où la situation reste difficile à vivre pour le jeune qui voudrait faire son coming out sans prendre le risque de perdre l’amour de sa famille et de ses amis”.
Dans une étude sur la vie affective et sexuelle de nos étudiant·e·s UCL réalisée en 2016, il apparaît que la majorité des premiers rapports sexuels sont des rapports hétérosexuels. La part des rapports homosexuels s’élève à 7,8% pour les garçons et à 2,4% pour les filles. Mais ce n’est pas parce que le premier rapport est hétérosexuel que les autres le seront forcément. D’après Jacques Marquet, il faut d’abord se détacher de cette vision binaire - hétéro/homo - de la sexualité, et aussi prendre en compte que bon nombre de jeunes tentent de se conformer à l’hétéronormativité ambiante, à ce qu’ils pensent que la société attend d’eux.
C’est un point de vue partagé par Amaury Everard, du CHELLN (Cercle LGBTQIA de Louvain-la-Neuve). “Les jeunes pensent qu’ils doivent quelque chose à leur famille, et que faire son coming out, c’est ne pas le leur donner, c’est la décevoir”. En 2017, faire son coming out reste une étape clé. “Ça reste un moment important et gravé dans la mémoire de celui ou celle qui l’annonce. Même si souvent, les personnes à qui il ou elle l’annonce sont déjà au courant”.
Amaury ajoute que “l’arrivée à l’université correspond pour le jeune étudiant à l’abandon de l’adolescence, au passage à l’âge adulte dans un milieu plus ouvert mais parfois plus dur aussi. Au CHELLN on est entre amis, on est là pour l’écouter, recevoir ses questions et partager son expérience”.
En 2017, les choses ont donc bien évolué, mais tant que le coming out ne peut pas se faire sans crainte du jugement ou du rejet, beaucoup de travail reste à faire.