Les pages du laa, No 8, mai 2007
L’injonction moderne nous agit encore qui sépare la structure et l’ornement : la vérité de la structure à construire, la vérité de la structure à habiter se doivent de soumettre et de réduire à bas bruit le mensonge inutile des ornements.
Cette injonction est l’avatar de l’antique distinction entre l’être et les apparences dont elle reconduit les apories. Comment présenter le réel sans qu’il se double aussitôt d’une représentation, d’une ressaisie imaginaire ? Comment se tenir au fil du réel sinon pour le reprendre et le dénier sous une façon plus consolante et convocable à merci ?
Alberti a préparé la venue de l’injonction moderne en posant l’ornement comme un auxiliaire facultatif du Beau. Il suffira d’un infime déplacement pour permettre à Loos de proférer : "l’ornement est un crime".
Catherine Titeux, dans le texte qu’elle nous propose : "Structure et ornement dans la théorie de Leon Battista Alberti", nous fait découvrir comment cette dichotomie structure/ornement affecte un élément-clé qui gouverne l’œuvre d’Alberti (théorique et construite) et qui, partant, agira les œuvres ultérieures qui en déploieront la fécondité. Cet élément, c’est le mur : structure construite destinée à accueillir l’habiter, le mur reçoit sur lui les apparences sensibles qui le forment pour confirmer et affirmer sa puissance structurante ; cela même au prix d’un écart à sa réalité construite.
Le dispositif des apparences (ordre des pilastres, entablements, arcatures, bossages, parements, etc.) déclare "l’être" du mur quitte à se déplier en "bavardages" savants qui déplacent sa réalité pour la re-constituer avec d’avantage de force.
La vérité du mur éclate en traits métaphoriques et métonymiques que nous pourrions appeler son "appareillage architectonique".