Luc Richir
Différence sexuelle et genre vernaculaire ( 140 ko)
La maison contre les terrains vagues du marché - Psychanalyse
Différence sexuelle et genre vernaculaire ( 140 ko)
La maison contre les terrains vagues du marché - Psychanalyse
"Différence sexuelle et genre vernaculaire - La maison contre les terrains vagues du marché " qui fait partie du vaste ouvrage de Luc Richir : "Donner, recevoir, rendre - L'erreur de Cook - Anthropologie du délire occidental". Vaste ouvrage, à entendre littéralement, parce qu'il entreprend une reprise - par le fond et jusqu'au comble - des appareils théologique, philosophique, anthropologique, psychanalytique qui visent l'être parlant et que l'occident nourrit au plus fin de ses consciences. Le noyau de l'ouvrage consiste en la prise au plus grand sérieux de l'échange symbolique que Marcel Mauss avait introduit en son temps sur la scène sociologique. Au plus grand sérieux, cela veut dire : comme une structure anthropique dont les conjonctures ne peuvent se départir, sinon à s'exposer à de funestes retours.
"Contrairement au signifiant — définit comme élément discret, unité différentielle par rapport à d’autres signifiants —, le symbole comporte en soi sa propre déchirure. Il est fragmentaire, dirait Blanchot. Ce qu’il emporte dans sa fêlure, c’est la part de l’Autre qui lui manque pour être complet. Il fait appel à ce qui pourrait le compléter — mais cette part viendrait-elle s’adjoindre à sa moitié qu’il perdait sa vertu de symbole. Car ce que le symbole symbolise, c’est ce qui lui fait défaut pour être complet. Cette part existerait-elle que le lien n’aurait aucune nécessité, pas plus que la parole qui scelle un pacte. Le symbole est la négation de l’autosuffisance. Sans être ni l’un ni l’autre (donateur ou donataire), il incarne leur altérité en tant que rien ne peut la réduire à un être, à un état, pouvoir ou propriété. Il représente l’Autre, " autrement qu’être ". Le symbole c’est la page qu’on déchire, le bout de bois qu’on brise. Son essence, c’est le profil de la coupure, et non l’adaptation de deux moitiés de manière à former une complétude originelle. C’est parce que le symbole abrite cette cassure qu’il possède la vertu, non d’en appeler au complément censé le réparer, le clore dans la sphère de l’être, mais à l’Autre blessure. Le symbole appelle, non la réparation, mais la cassure qui l’a constitué en part manquante d’une moitié qu’il appelle — qu’il désire — pour se déclarer en part avide de l’Autre susceptible de s’adjoindre à lui."