Programme détaillé

Lundi 23 octobre 2017

9.15 – 10.00 : Introduction
  • Accueil, par le Prof. Jean-Christophe Renauld, Pro-recteur à la recherche de l’UCL
  • « Achille Mbembe. Une biographie intellectuelle », par le Prof. Thierry Amougou, CriDIS/DVLP.
10.00 – 10.30 : Pause-café
 
10.30 – 12.45 : Panel 1 – Post-colonie

Sous la responsabilité de :
Prof. Thierry  Amougou (CriDIS-DVLP) et Aymar Nyenyezi (DVLP),
avec Fiona Nziza (Louvain Coopération) et l’AGL.

La Grange

Une des caractéristiques de l’universalisme des analyses en sciences sociales et politiques est très souvent « le mépris du réel des autres » comme conséquence inéluctable de l’universalisme abstrait. Suivant ce dernier, des concepts, des catégories et des paramètres analytiques décrétés valables en tout temps et en tout lieu, subsument des contextes spécifiques quand ils ne les relèguent pas au rang d’appendices, tout en rendant facultatifs des sujets situés. Ainsi, « l’ordre des hommes et des choses des acteurs du haut » devient une domination sur les « acteurs du bas » obligés de s’y conformer.

En publiant De la Postcolonie en l’an 2000, Achille Mbembe a réactualisé l’importance du contexte en sciences sociales et politiques : « la postcolonie » est une nouvelle figure du cosmopolitisme et de la « pluriversalité » en action. Les territoires et les peuples ayant connu pendant des siècles la colonisation et son envers – la décolonisation – constituent des contextes particuliers, dont on ne peut faire l’économie dans les analyses, la compréhension et, le cas échéant, dans les propositions politiques. Saisir les arcanes du discours des acteurs concernés, suivre les bifurcations inattendues des acteurs du bas dans l’action politique et l’économie populaire, mettre en exergue la grande proximité entre la vie et la mort dans certaines sociétés postcoloniales, disséquer les métamorphoses du christianisme, débusquer les innovations populaires sur le plan économique, social, culturel et politique, exige que « la postcolonie » sorte de « la grande nuit analytique » où elle a été plongée par des catégories à la fois englobantes et incapables de faire d’elle son « propre centre ».

En conséquence, l’Afrique par exemple ne peut échapper à son approche uniquement en termes « de carences », « d’incomplétudes », « d’imperfections » et « de manquements » par rapport aux sociétés occidentales. On ne peut en rendre compte  par des analyses qui la nient comme sens-propre et centre-propre de sa dynamique de développement. Il en résulte qu’analyser « la postcolonie » exige de confronter sa mise en forme symbolique, conceptuelle et pratique, issue des crises du capitalisme global, aux nouvelles sociétés africaines « en train de naître, réalisant leur synthèse sur le mode du réassemblage, de la redistribution des différences entre soi et les autres, et la circulation des hommes et des cultures » dans un glissement vers une modernité « afropolitaine ».

Comment faire de la postcolonie son « propre centre » dans le domaine du développement sachant que celui-ci équivaut très souvent à « s’occidentaliser », mieux à se moderniser « à l’occidental » ? Quelle a été la dynamique des paysanneries africaines dans ce processus de développement ? Comment l’anthropologue analyse-t-il la modernité dans les postcolonies africaines et que signifie pour lui la postcolonie comme contexte ? Quel est l’apport de l’histoire globale au cadastre de la dynamique historique de la postcolonie ? Le mouvement social a-t-il une spécificité en postcolonie ? La sociologie clinique, issue notamment des travaux de Frantz Fanon, trouve-t-elle avec les réflexions d’Achille Mbembe l’occasion d’ un renouveau analytique ?

En discussion analytique et en interlocution critique avec Achille Mbembe, ce panel a pour objectif de souligner les apports de la pensée postcoloniale d’Achille Mbembe mais aussi d’en relever les angles morts ou d’en épingler les faiblesses, dans des domaines aussi variés que l’anthropologie prospective, les études du développement, l’histoire, la sociologie et les sciences politiques. Dans ces différents domaines, chaque auteur, dans un mouvement d’ensemble, veillera à mettre ses propres travaux en résonnance avec ceux d’Achilles Mbembe sur la postcolonie.

Dans ce contexte, seront en discussion avec Achille Mbembe dans ce panel les intervenants ci-dessous :

1.1. De quoi l’anthropologie, l’histoire et les études du développement sont-elles le nom… dans les post-colonies subsahariennes ?
  • « Un Occidental peut-il encore parler de l’Afrique après Achille Mbembe ? », par Prof. Pierre-Joseph Laurent (anthropologue, LAAP)
  • « Etudes postcoloniales et études du développement : ambiguïtés et questionnements », par Prof. Jean-Philippe Peemans (économiste,  DVLP)
  • « Le travail au Congo belge : une histoire croisée à plusieurs voix, entre global et local », par Prof. Pierre Tilly (historien, CIRTES)
1.2. Sociologie clinique : Fanon et Mbembe
  • « Mbembe dans la pharmacie de Fanon : perspectives cliniques », par Prof. Thomas Périlleux (sociologue clinicien, CriDIS)
1.3. Genre, théorie et pratique : un angle mort des études postcoloniales ?
  • « L’autonomisation des Bayam-Sellam. Détaillantes dans les marchés populaires de Yaoundé et de Douala, au Cameroun », par Martine Ngo Nyemb Wisman (sociologue, DVLP)
  • « La colonie et les moustiques », par Rosine Song (philosophe, ISP)
     
14.15 – 16.30 : Panel 2 – Acteurs connectés du changement

Sous la responsabilité de :
Quentin Jouan (LaRHIS), Vincent Delcorps (LaRHIS), Lionel Francou (CriDIS),
Elisabeth Lagasse de Locht (CriDIS),  avec Solange Lusiku (Le Souverain) et l’AGL.

La Grange

Ce panel est façonné par la rencontre de deux ambitions. La première est d’offrir à Achille Mbembe un panorama de la recherche en construction au sein de notre institut et, plus particulièrement, des mains de jeunes chercheurs. La seconde est de montrer comment cette recherche fournit un riche potentiel pour répondre aux nombreux défis intellectuels soulevés par Achille Mbembe. Plus spécialement, nous sommes soucieux de proposer une réflexion qui tente autant que possible de s’affranchir des contingences historiques et géographiques particulières, ainsi que d’un certain eurocentrisme sous-jacent. Récemment, Achille Mbembe nous invitait à ne pas tracer de frontières « entre ici et ailleurs », tout en rappelant « il n’y a jamais eu qu’un seul monde. Comment, au sein de ce monde, des acteurs vivant à des endroits et des époques différentes se sont-ils montrés acteurs de changement ? Quels points communs et quelles différences décèle-t-on dans leur appropriation d’enjeux communs ? Quels liens et échanges établissent-ils avec des acteurs n’ayant pas été immergés dans les mêmes cultures ?

Dès les premiers jours de cette année 2017, Achille Mbembe écrivait : « Le propre de l’humanité, c’est le fait que nous sommes appelés à vivre exposés les uns aux autres, et non enfermés dans des cultures et des identités ». Ce panel a pour vocation de montrer qu’il est possible, par la recherche universitaire, de nous exposer les uns aux autres.

Pour établir ce dialogue diachronique entre espaces, nous proposons trois sous-thèmes envisagés chacun sous deux facettes complémentaires :

2.1. Théologie et libération
  • « Chrétiens de gauche et paysans engagés face à la nuit néo-libérale : le messianisme révolutionnaire de la théologie de la libération », par Luis Martinez Andrade (sociologue, CriDIS)
  • « L'apport de l'Eglise catholique congolaise aux mutations socio-politiques sous le régime Mobutu », par Alain Nkisi, (historien, LaRHIS-DVLP)
2.2. Mobilisations urbaines
  • « Le cosmopolitisme au prisme de l’expérience urbaine quotidienne », par Louise Carlier (sociologue, CriDIS)
  • « Chrétiens et musulmans dans le Caire contemporain, où passent les frontières ? », par Gaétan du Roy de Blicquy (historien,  LaRHIS)
2.3. Genre, économie informelle et migrations
  • « Cherche amie pour nettoyer maison de trois étages. Le travail émotionnel dans les services domestiques », par Anna Safuta (sociologue, CIRFASE)
  • « ‘‘Vamos a progresar’’. Migrations campagnes-villes au Pérou : adaptation des organisations féminines des quartiers marginaux de Lima face aux fluctuations des politiques étatiques », par Christine Dubois-Grard (anthropologue, LAAP)
     
16.45 - 19.00 : Drink, concert et exposition organisés par Louvain Coopération (Le Fénil et la Grange)

Cet événement est ouvert à tous. Il est directement accessible aux participants au colloque. Pour les extérieurs, venus exclusivement pour cela, les conditions d’entrée sont identiques à celles de la soirée DHC (cf. https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/iacchos/mbembe.html)

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16.45 - 17.45 : Arts et post-colonies

Cet événement commencera par un drink autour de l’exposition du photographe Nganji Mutiri…

Nganji Mutiri est un photographe, réalisateur, acteur né au Congo et vivant en Belgique. Également passionné d’écriture, il a créé le site de partage de poésie L'Art d'être humain (LAEH), car « c’est entre les lignes que résident nos points communs », rappelle celui qui a utilisé l’écriture comme thérapie contre l’exil.

18.00 – 19.00 –  … puis se prolongera par un concert de la slameuse Joy

Joy, qui participa notamment à l’ouverture du dernier Sommet de la Francophonie en septembre 2016, viendra partager avec nous ses rythmes et ses rimes, mise en musique de ses profondes considérations sur la recherche des racines, ses origines africaines, le voyage, l'exil mais aussi la Belgique et la société dans laquelle elle a grandi.

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Mardi 24 octobre

12.00 – 14.00 : Repas/Conférence étudiants 

Sous la responsabilité de l’AGL.
Les étudiants invitent Achille Mbembe à partager un repas au cours duquel ils échangent avec lui sur les sujets d’actualité et/ou des préoccupations d la vie étudiante.

 

14.15 – 16.30 : Panel 3– Epistémologies critiques                                           

Sous la responsabilité de :
Prof. Jacinthe Mazzochetti  (LAAP) et Jérémie Piolat  (LAAP),
avec Sabine Kakunka (CNCD 11.11.11)

Le Fénil

Comme le suggère l’anthropologue indien Arjun Appadurai, l’une des grandes questions pour les sciences sociales aujourd’hui ne consiste pas à penser l’après-colonialisme mais à penser après le colonialisme. Ainsi, ce panel a pour ambition d’interroger l’influence des pensées postcoloniales et, à leur suite, des pensées décoloniales sur les épistémologies en sciences sociales. A partir de différents ancrages disciplinaires, seront interrogées les conditions de possibilité et les incidences d’une rencontre entre paradigmes non hégémoniques. Si la pensée du commun comporte le danger de la suprématie (qui définit le commun et avec quels objectifs ?), l’impensé du commun mène à l’exclusion de l’autre, enfermé dans une altérité supposée radicale qui ne dit rien ou si peu de lui, mais énonce en miroir les peurs de pertes –  symbolique et économique – cristallisées à travers lui. « Comment fonder une relation avec les autres basée sur la reconnaissance réciproque de nos communes vulnérabilité et finitude ? », s’interroge encore Achille Mbembe dans son dernier ouvrage.

En discussion avec Mbembe, les conférenciers interrogeront ici les ressorts de cette pensée du vivant, cette « pensée-globale » du « Tout-Monde », cette « pensée des complémentarités plutôt que de la différence »  à laquelle il nous invite, à la suite de Fanon et de Glissant.

Quelques grandes questions guideront nos échanges : quelles ouvertures au monde, qui ne serait ni de perte ni de repli ni de guerre, se dégagent de cette pensée décoloniale radicale ? Comment transiter d’un monde de frontières, de murs, de barbelés à une « pensée du passant, du passeur, du passage, du passager », à une « pensée-frontalière » qui permettrait « une reprise/redéfinition des notions de citoyenneté, de démocratie, de droits de l’homme, d’économie, de politique, au-delà des définitions étroites imposées par la modernité euro-centré » et où serait « possible une réelle communication et un dialogue horizontal entre les peuples du monde » ? Comment mettre en pratique cette épistémologie du vivant dans nos travaux de recherche ? Comment, par nos écrits « ramener à la vie ce qui avait été abandonné aux puissances de la mort » ?

Dans ce contexte, seront en discussion avec Achille Mbembe les intervenants ci-dessous :

3.1. Dés-hégémonies ?
  • « La relation Union européenne – Afrique, au début du XXIe siècle : quand les discours réformateurs butent sur des pratiques séculaires. Une analyse des foyers d’incohérence », par Anne-Sophie Gijs (historienne, LaRHIS)
  • « Alphabétiser en post-colonie. Fragments de la post-colonie multi-située », par Jérémie Piolat (anthropologue, LAAP)
  • « Penser quelques ennemis du commun », par Nathalie Frogneux (philosophe, ISP)
3.2. Pensées frontalières
  • « De la recherche du temps perdu à la "co-inclusion" de l'Autre en soi», par Ghaliya Djelloul (sociologue, CISMOC)
  • « A la croisée des temporalités : généalogies et répétitions dans les œuvres de Sammy Baloji et Maarten Vanden Eynde », par Véronique Bragard (études littéraires comparées, INCAL)
  • « "Critique de la Raison nègre" au prisme des Andes péruviennes », par Emmanuelle Piccoli (anthropologue, DVLP)
16.30 – 16.45 : Pause
 
16.45 – 17.30 : Conclusion. Une remise en perspective historique

Sous la responsabilité de : Prof. Matthieu de Nanteuil (IACCHOS),
avec Prof. E. Debruyne (à propos de S. Zweig), Prof. Michel Molitor (ancien Vice-recteur aux affaires étudiantes) et Prof. Jacques Grégoire (actuel Vice-recteur du Secteur des sciences humaines)

Le Fénil
 

18.00 – 19.30 : Pièce de théâtre – Le Monde d’hier, de Stefan Zweig, joué par Jérôme Kircher, en exclusivité pour l’UCL (La Grange)
 
19.30 – 20.15 : Cérémonie DHC – remise du Doctorat Honoris Causa de l’institut IACCHOS, en partenariat avec la Faculté ESPO, au Prof. Achille Mbembe (La Grange)

Marraine : Prof. An Ansoms

En présence du Recteur et du Conseil Rectoral de l’UCL, ainsi que du Doyen de la Faculté ESPO, le Prof. Sébastien Van Belleghem, et des présidents successifs de l’institut IACCHOS : les Prof. Paul Servais, Jacques Marquet et Matthieu de Nanteuil