Fabriquer les corps

Jean Stillemans
Fabriquer les corps (40 minutes)
 
Intervention lors de la Journée d'étude autour des travaux de Slavoj Zizek, organisée dans le cycle "Penser la condition anthropologique aujourd'hui" aux FNDP, à Namur en mars 2010
 

Depuis sa position d’architecte, Jean Stillemans, adresse à Slavoj Zizek ce constat qu’aujourd’hui la philosophie a déserté le champ de l’artefact où l’architecture réside. Le chant de l’artefact, assourdi par le bruit de la technologie, n’atteint plus le philosophe.
 
L’architecte interpelle alors le philosophe sur un point qu’il établit dans le sillage de la théorie lacanienne de l’être parlant : la philosophie contemporaine a oublié l’architecture et pourtant, celle-ci en tant qu’artefact prend en charge une part significative de la constitution des sujets : nos corps écartelés.
 
« Quand les hommes édifient des architectures, ils divisent l’espace en trois dimensions. (…) A la différence de l’image spéculaire qui offre un plan de confortement, de consolidation aux tendances narcissique du sujet, l’architecture en tant qu’elle divise l’espace en trois, serait cette fabrique qui empêche le corps de coïncider avec lui-même (…) L’architecture serait la fabrique de la part vide des corps. »
 
La réponse du philosophe, en forme d’esquive, témoigne cependant de son intérêt dilettante mais lucide pour l’architecture. Slavoj Zizek, confessant son ignorance, évoque au fil d'un long enchaînement plein de rebondissements : son goût pour la "Staline Allée" à Berlin-Est ; la schizophrénie architecturale dans le film "Psychose" ; sa fascination pour les espaces interstitiels ; l’idéologie capitaliste incorporée aux ouvrages de Frank Gehry ; une voie de sortie hors de l’empire de la technologie …