La pudeur est un des thèmes étonnamment les plus présents dans des sociétés contemporaines qui s’affirment « libérées ». La diversité des styles et des rapports au corps demeure un enjeu quotidien des discours de « tolérance ». Certes, les rapports s’inversent parfois : ce n’est plus nécessairement le dénudement qui fait problème de pudeur, mais bien l’habit qui suscite réprobation, et qui se voit imputer l’une ou l’autre forme d’ « intolérance ». Les jeunes ont toujours été tentés de malmener les interdits et franchir les frontières, quitte à se livrer à des aller-retour que l’histoire intergénérationnelle ne manque pas de décrire.
Au moment où des risques interculturels semblent s’aggraver, au moment où des abcès meurtriers semblent y trouver prétextes, il paraît utile de s’intéresser, bien en amont, à des habitus plus intimes, à des rapports plus étroits entre les personnes et les styles sociaux, mais aussi d’une certaine façon entre les corps et les « âmes ». Si les religions disent traditionnellement quelque chose sur l’Esprit ou les esprits, on sait combien elles y associent les corps. Plutôt que de dénier toute pertinence à ces traditions, vite réputées oppressives, plutôt que les exclure du dialogue des raisons, n’est-il pas temps, avec prudence et audace, de leur prêter attention, d’en étudier les tenants et aboutissants, d’en mesurer les cohérences ou les lacunes, les paradoxes ou les lignes de forces ? Prendre au sérieux les discours théologiques en sciences humaines commence par leur donner la parole, une parole critique dans un dialogue universitaire.
La Chaire Tolérance organise une table-ronde le mardi 16 mai de 13h à 21h30, avec R. BURNET, L.L CHRISTIANS, B. MARECHAL, E. GAZIAUX,
PH. CORNU, L. VANA, J.M. AUWERS, A. BELHAJ, et M. IACUB
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