Religion

RESPAT

La tradition manuscrite des sutras

Malgré le fait que la xylographie se développe tôt au Japon, la production manuscrite perdure et ce n’est qu’au 19ème siècle qu’elle commence à disparaitre. Le manuscrit était un moyen de contrôler l’accès à certains textes considérés comme trop délicats à communiquer ou qui étaient uniquement destinés à des initiés comme, par exemple, les textes consacrés à la cérémonie du thé.Face aux frais élevés de l’impression xylographique et à la lenteur du procédé, la copie manuscrite restait une méthode rapide pour disposer d’un texte pour soi.

Dans le cas des sûtras, la copie réalisée à la main conférait des mérites religieux. Cet usage vient d’Inde, s’est répandu en Chine, en Corée et au Japon. Les premières copies de textes bouddhistes sont réalisées au Japon pendant la période de Nara (710 à 784) à partir de manuscrits importés de Chine. L’exemplaire le plus ancien date de 686. La copie est alors une activité gérée par l’Etat qui développa le shakyôjo, un scriptorium institutionnel. Dès la période de Heian (794-1185), les copies se font à partir de manuscrits japonais. Il était d’usage d’indiquer sur la copie le nom du commanditaire qui appartenait généralement à la plus haute aristocratie, à la maison impériale ou au clergé bouddhiste. La copie était principalement réalisée dans le but de préserver la santé ou le repos de l’âme des parents du demandeur. Les sûtras étaient généralement recopiés  à l’encre noire, avec 17 caractères par ligne, sur du papier imprégné d’un liquide jaune pâle qui repoussait les insectes. Mais certains pouvaient être copiés avec une encre argentée ou dorée sur un papier indigo. La pratique de la copie a perduré mais à la fin de la période de Heian, le caractère institutionnel de la reproduction disparait et les copies sont réalisées par les temples pour leur propre usage.

Le texte le plus copié au Japon est le Sûtra du Lotus.

Celui-ci se présente comme un enseignement prodigué par le Bouddha à la fin de sa vie terrestre. Le texte d’origine daterait d’entre le 1er siècle avant et le 1er siècle après JC soit plusieurs siècles après la mort du Bouddha. Le 1er exemplaire complet est importé au Japon vers le 8ème siècle et va devenir le texte principal de l’école Tendai. Il sera perçu comme le seul sûtra digne d’être enseigné. Sa récitation quotidienne devient un rituel essentiel par les adeptes de différentes écoles bouddhistes. Le texte sera considéré par l’école zen soto, la plus importante des écoles zen au Japon, comme le grand maître des sutras reflétant l’intention originelle du Bouddha.