"Le paysage réussit l'exploit d'indiquer le rapport entre l'homme et le divin, ou pour parler en termes plus modernes entre la finitude humaine et l'infini du monde. C'est la nouvelle idée de "nature" qui, dans la pré-renaissance, sert de passage entre les mondes terrestres et célestes. Le paysage peint, ressemblant à ce que nous voyons de la réalité d'ici-bas, appelle à l'intuition d'une nature qui est, elle, l'icône du divin. Deus sive natura. Cette double iconisation, enchaînée, rend le paysage à une transcendance qui reste hors de portée. Ainsi la ligne d’horizon qui limite le paysage peint est-elle intraversable. Nous ne pouvons aller au-delà que par l'imagination. Qu'y a-t-il derrière cette ligne qui barre nos prétentions et les rabat sur le plan humain des mesures et des distances? Nous n'atteindrons pas l'arrière du paysage, ne le traverserons point."
Les patientes enquêtes que Anne Cauquelin conduit depuis de nombreuses années quant aux questions de lieu, espace, site, paysage, cyberespace sont précieuses pour la pensée de l'architecture et des paysages; elles constituent des référents importants dont les effets pour les travaux du laa sont loin d'être épuisés.
Nous vous rappelons quelques ouvrages de Anne Cauquelin : - L'invention du paysage, Plon, 1989, PUF, 2000. - Le site et le paysage, PUF, 2002. - Fréquenter les incorporels - Contribution à une théorie de l'art contemporain, PUF, 2006.